Le Maître m'a fait appelé.

Il le fait quand il doit punir les mauvais élèves. J'aime punir les mauvais élèves. J'aime quand le Maître est content.

Il a tapé sur la table, tout à trembler mais pas moi, je n'ai pas peur du Maître. Le Maître a besoin de moi.

Il a montré le blason, il a montré l'elfe. C'est bon les elfes.


J'ai pris des affaires, pas trop. Si baluchon trop lourd mauvais voyage.

Pour le Maître.

Je suis arrivé à la ville.

J'ai du traverser les terres en direction du nord. Jolies jolies forêts, infestées, crevées.

Comme Crevure.

La passe est gardée, la sentinelle m'a controlé, plusieur fois, il voulait pas laisser passer la Crevure.
Des forestiers, avec toutes leurs dents, encore frais, hin hin plus pour longtemps.

Ils m'ont fait attendre, pas grave, je suis patient. Rester là, les bras ballants, les regarder moi aussi, en attendant.

Finalement ils ont ouverts la porte, ils ont dit à Crevure de dégager de là. Crevure a dégagé, et il est entré.

C'est facile pour Crevure d'attendre. Mais on supporte pas quand Crevure attend.

J'ai avancé et j'ai vu des frères, le Maître n'a plus eu de nouvelles de ceux là depuis longtemps. Peut-être que je dois les punir aussi. Mais le Maître n'aime pas quand je fais sans ordre, une fois Crevure a subi punition aussi. Crevure n'a plus sa rotule depuis.

J'ai continué dans des forêts moches, vertes et rouges. Pas jolies ces forêts là, pas comme Crevure.

Et je suis arrivé à la ville.

Crevure a trouvé une chambre où rester.

L’elfe a rigolé mais il a pris la pièce dorée.

J’ai posé mon baluchon sur le sol. La couverture rouge, les trois figurines de bois et le vieux sceau de cire brisé. Un rond et un trait, et l’odeur.

Je renifle l’odeur.

Parce que je la retrouverais.

La patte folle de Crevure s'est encore abimée aujourd'hui.
Elle a beaucoup marché et l'os du talon a failli tomber. J'essaye de le réencastrer. Parce que Crevure doit encore chercher.


Il y a des odeurs qui y ressemblait, une pleine, assise sur un banc, avec son mâle à coté.
L'autre à la taverne, vieille à se faire conter.
Et la dernière à la fontaine, il aurait pu s'y tromper !


Mais aucune d'elles n'a fait chuchoter à son oreille, le frisson du Maître.

Elle n'était pas là dans la ville des elfes. Tous entiers et l'oeil haut qui regarde sans voir, risibles choses qui allaient tous plier.


Elle n'était pas dans la ville des elfes, et la Crevure a repris le chemin de sa chambrée. Les volets fermés, l'odeur habitée, sur le sol, les draps sales étalés, c'est là que le bon Crevure attend, le cliquetis des os dans la pénombre. Phalanges contre talon.




Ca ne saurait plus tarder.

Je l'ai trouvée, cherchée et trouvée. Blonde et maigrichonne, stupide de ne pas regarder derrière; Crevure est là, il te regarde, tu ne peux pas l'ignorer toi. Ton odeur, feinte, de la mort, du Reigne ...

Le maître m'a fait appeler, juste pour toi.

Retourne toi.

Vacillante.

Il était là, à quelques pas d'elle. Restes humains tenus par la volonté d'un homme. Elle l'avait déjà vu, dans un autre endroit, fut il un autre temps, même pas.
Après l'avoir reconnu , l'espace d'un instant, ce sentiment éprouvant qu'est la peur, celle froide et assassine, apparaît. Celle où l'on sait que l'on va mourir. Où l'on ne sait plus bouger, ni réfléchir.

« Je t'ai trouvée » Grimace putride et grognements du bas-parler.

Oh qu'il avait raison.
Il éclata du rire dont les étudiants se moquaient. Elle n'eut pas envie de rire. Elle recula, le métal en fusion de la Forge effleurant son bras, la douleur la réveilla.

« Partez ! »

Il s'avança. Futile idée que de l'imaginer obéir.
Il tenta de l'attraper, elle fit un pas de coté, sans le lâcher du regard.

Encore l'effroyable gargarisme. « Il faut te punir. »

Il la saisit par les bras serrant ses doigts osseux sur sa peau fragile, ses jambes se dérobèrent, elle cacha son regard du spectacle des orbites vides et son visage de la créature face à elle. Recroquevillée, à sa merci telle une enfant qui attend qu'on la sauve, viendront ils à temps ... Tout ceux qui ont dit vouloir la protéger ...

Elle pu le sentir lui caresser les cheveux, tel un animal que l'on va abattre. Ne plus bouger. Fermer les yeux.

« Que faites vous ? » .... Séheiah.

Elle chercha à se dégager de l'emprise, il lui arracha une mèche de cheveux, la pointe de douleur ne fit qu'accentuer la panique.

L'éclaireuse se trouvait trop près. Le Serviteur ne doit pas la voir.

« Va t'en ! Vite ! »

Il ne l'a tient plus que par un bras, il veut voir à qui elle s'adresse.

« Vite ! »

Il la lâche entièrement et avance vers la nouvelle venue, il n' y a personne d'autres dans ce coin de Forge. Il trouve ça drôle.

Prostrée par terre, même sans emprise, elle ne peut pas bouger, l'inombrabilité des possibilités qui peuvent suivre l'instant suivant la bloquant dans son esprit et dans son corps.

L'éclaireuse est partie. Elle ne l'a pas vue faire, mais elle est soulagée. Il reporte son attention sur elle, le cadavre décharné s'assure qu'elle a bien compris. Oui, elle a compris ... elle est faible, elle n'est rien.

Il s'en va, mèche de cheveux quasi-blancs entre ses phalanges.
Elle respire.

La Crevure est contente, elle l'a trouvée, elle a fait. J'enroule le butin autour du morceau de bois que je vais ramener au maître, mais plus tard. Je fais crisser les mots sur le parchemin, plus d'odeur du Roi, mais une autre odeur sur une autre. Puante.

Crevure va encore rester, Crevure va éclairer le maître sur ce qu'il a vu, le lit de détritus autour de lui.

[edit dictatorial: Naméhoh !]
[ Je proteste ! Ma liberté d'expression est mise à mal]

(Umerindra peut intervenir ou pas ? C'était un poil prévu ca ^^ (et vu l'intrusion de Séhe .. pourrait bien etre l'origine de la présence d'une trollesse en furie ^^))